Le Wing Tsun mêle les techniques de la boxe thaïlandaise et des arts martiaux comme le judo ou l'aïkido. Avec une place faite l’improvisation. Un sport pour les artistes complet, quoi... !
Dès le premier coup d'œil, le Daï-Sifu Claude inspire confiance. Quand ce garçon se présente comme l’un des spécialistes français du Wing Tsun, sa largeur d’épaules vous incite à le croire. Sa poignée de main, qui vous pousse à recompter vos doigts, confirme cette impression initiale. Bref, il a le physique de l’emploi. Un physique cultivé depuis bientôt 40 ans, de ring en dojo, au gré des voyages de ses parents. Car si Picasso a d’abord peint à la manière de tous les grands maîtres avant de trouver son style, Claude a testé toutes les techniques de combat pour chercher sa voie : karaté, aïkido, judo, lutte gréco-romaine, lutte traditionnelle africaine, boxes anglaise, américaine, thaï, taekwondo, taï chi et chi kong. “J’avais un problème avec la compétition, se souvient-il. Quand je mettais quelqu’un K-O, j’étais disqualifié ! Je voulais trouver une technique qui me permette de m'exprimer librement.”
Claude étudiant le Wing-Tsun avec le Grand Maître Leung Ting,
Daï-Sifu Kernspescht et Daï-Sifu Olbers
Il lui faudra s’exiler en Allemagne pour que son vœu soit enfin exaucé. Là-bas, pendant quinze ans, Claude a exercé un peu tous les métiers de la sécurité, dont celui de videur de boîte, qui exige un contact parfois rugueux avec la clientèle. : “Il y avait des bagarres presque tous les soirs”, explique l’homme de l’art. “Et c’est à ce moment là que j’ai entendu parler du Wing Tsun, qui m’a tout de suite semblé d’une redoutable efficacité, surtout avec un boulot comme le mien, où, faute d’espaces, l’on pratique le combat rapproché. Mais ce qui m’a tout de suite séduit dans ce sport, c’est qu’il privilégie l’intuition, la sensibilité. L’on fait des “impros” , comme dans le jazz, qui est mon autre passion. Il ne s’agit pas seulement de répéter des combinaisons toutes faites, comme dans les autres disciplines !”
Développé outre-Rhin, où il ne compte pas moins de 60 000 adeptes, le Wing Tsun reste encore relativement confidentiel en France, avec un peu plus de 500 pratiquants.
Mais, depuis son retour, Claude ne se ménage pas pour le faire connaître, et il a notamment développé une méthode personnelle, baptisée Progressive Wing Tsun System (PWTS).
"L'intérêt, précise Daï-Sifu Claude, c’est d’être confronté à des adversaires venus de tous les types d'arts martiaux , un mixage qui permet de prendre le meilleur de chaque style et de pouvoir faire face à toutes les situations”.
N’exigeant ni souplesse ni une force considérable, le Wing Tsun recherche une efficacité maximale (en clair, envoyer l'ennemi au tapis pour le compte) plutôt que l’esthétique. De ce fait, il convient aussi bien au banquier qu’au futur garde du corps. Et aux femmes qu’aux hommes. Après tout, selon la légende, ce sport n’aurait-il pas été inventé, voilà plus de 300 ans, par une nonne chinoise ?
Et pour ceux qui voudraient apprendre d’autres moyens expéditifs d’envoyer un fâcheux ad patres, Claude propose de compléter son enseignement par des séances d’escrima, une spécialité des Philippines qui, à l’origine, se pratiquait avec des lames d’acier, désormais remplacées par des bâtons de 60 cm “On peut s’y familiariser très vite avec les armes, au lieu d’attendre des années, comme dans le wing tsun traditionnel, conclut Daï-Sifu Claude. Et on s’aperçoit qu’on peut se défendre avec n’importe quoi. Même un journal peut devenir dangereux !”.
Fabrice Allais
Article Newzy n°19 de mars 2016
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